L'ARTISTE
Le Grand Maître Luambo Lo Kanga Lua Dju Pene Makiadi alias Franco De Mi Amor
12 octbre 1989 - 12 octobre 2009 ,20 ans deja qu'il nous a quitté
1938, le 6 Juillet : naissance de François Luambo à Sona-Bata dans la région du Bas-Congo à l’époque du Congo-Belge. De père Joseph Emongo et de mère Hélène Mbonga Makiese. De cette union sont nés trois enfants : François Luambo, Siongo « Bavon Marie-Marie » et Marie- Louise Akangana. Mais, Maman Makiese a eu trois autres enfants avec deux pères différents : Alphonse Derek Malolo (né après Franco, pendant que Joseph Emongo se trouvait en prison) puis, Marie-Jeanne Nyantsa et Jules Kinzonzi « Papa » né après la mort de Joseph Emongo, le père de Franco. Des six enfants, deux seulement sont encore en vie : Marie-Jeanne Nyantsa qui est à Kinshasa (RDC) et Jules Kinzonzi « Papa » à Bruxelles (Belgique). Quant à Mama Mbonga Makiese, sa mort est survenue quelques mois seulement, après celle de son fils Luambo. Franco a passé son enfance à Léopoldville (Kinshasa) et a arrêté ses études en 3ème année primaire.
1948 : Luambo s’initie à la musique, avec l’harmonica, au contact avec des jeunes de la rue qui vouaient un culte exclusif aux précurseurs de la musique congolaise moderne : Joseph Kabasele et Zacharie Elenga Jhimmy. Après le décès de son père en 1949, Luambo échappe de justesse à la délinquance en trouvant un emploi d’emballeur de disques destinés à l’expédition, aux éditions musicales Ngoma. Très doué, Luambo se familiarise rapidement avec la guitare avec laquelle il s’entraîne seul en secret dans le studio Ngoma, chaque fois que les musiciens avaient fini d’enregistrer. Aussi, la surprise sera grande, le jour où, on s’en est aperçu que l’emballeur était un génie de la guitare en herbe.
1950 : Mama Hélène Mbonga Makiese et ses enfants s’installent rue Bosenge n°100 à Ngiri-Ngiri dans la propriété de la famille Paul Ebengo « Dewayon » qui possède une guitare de fortune avec laquelle il est suffisamment avancé dans la pratique. Les deux vont se lier d’amitié, ainsi Franco va poursuivre l’apprentissage de la guitare auprès de Dewayon, avant de faire la connaissance du guitariste bien confirmé, Albert Lampasi, vedette des éditions Ngoma, vivant également à Ngiri-Ngiri. Bien qu’à cette époque l’activité musicale était synonyme de vagabondage pour celui qui la pratiquait, Luambo s’y accroche avec beaucoup de ferveur et la forte ambition de parvenir à aider sa mère.
1952 : Albert Luampasi, qui est émerveillé par le talent de Luambo, l’intègre dans son groupe « Bandibu ». Une longue tournée va les conduire dans le Bas-Congo, particulièrement à Moerbeke (Kwilu Ngongo) où ils séjourneront plusieurs mois. À cette époque, Albert Luampasi avait déjà sorti aux Éditions Ngoma quatre chansons qui lui avaient permis de se tailler une solide réputation : « Chérie mabanza » - « Nzola andambo » « Ziunga kia tumba »- « Mu kintwadi kieto ».
1953 : De retour à Kinshasa, Luambo rejoint Paul Ebengo « Dewayon » qui vient de créer avec les musiciens Louis Bikunda, Ganga Mongwalu et Mutombo le groupe Watam. Au grand plaisir des mélomanes de Ngiri Ngiri, le Groupe Bandibu d’Albert Luampasi fusionne pendant quelque temps avec le Groupe Watam de Paul Eengo « Dewayon », et se produit régulièrement, chez « Kanza bar », rue Bosenge à Ngiri-Ngiri.
Le "Grand Maître" Luambo Makiadi Franco
Carrière musicale (1953 – 1989)
1953 : Le 09 Août, Paul Ebengo « Dewayon » présente Luambo à l’éditeur grec des éditions « Loningisa » M. Papadimitriou, qui lui fait signer le jour même un contrat de production d’une durée de 10 ans, après un essai très concluant. Papadimitriou est tellement impressionné par le talent du jeune Luambo qu’il lui offre une guitare moderne quasiment aussi grande que Franco (15 ans). Le 17 Novembre, Luambo Franco enregistre avec le Groupe Watam, ses deux premières compositions aux Éditions Loningisa : « Lilima chérie wa ngai » et « Kombo ya Loningisa ». Sur la même lancée Franco accompagne le groupe Watam dans les compositions « Yembele Yembele » et « Tango ya pokwa »(Dewayon) « Tongo etani matata »et « Tika kobola tolo »(Mutombo).
1954 : Luambo Franco dans le groupe LOPADI (Loningisa de Papadimitriou)
François Luambo, qui est déjà une figure majeure au sein des éditions Loningisa, ne pouvait plus passer inaperçu du personnage prestigieux qu’était Henri Bowane au sein de cette firme (Directeur artistique, auteur-compositeur, guitariste et impresario). Ce dernier recrute François Luambo à qui il attribue le sobriquet « Franco ». Le 14 Octobre 1955, Franco enregistre « Marie Catho » et « Bayini ngai mpo na yo ». Ce disque est salué comme la plus grande réussite de l’année 1955. Le premier disque « populaire » de Luambo Franco, celui qui a accentué sa popularité au Congo et en Afrique. Fort de ce succès et au moment où la concurrence bat son plein entre les labels « Ngoma » et « Opika », « Loningisa » va valoriser le talent de ses musiciens et particulièrement celui de Luambo Makiadi dont on trouvera la guitare sur des dizaines de disques des musiciens de cette firme Loningisa, comme en témoignent quelques chansons réalisées entre Novembre 1955 et Juin 1956, c’est-à-dire, avant la création de L’OK Jazz.
1956 : le 6 Juin, quelques musiciens issus du groupe « Bana Loningisa » engagés par Oscar Kashama « Kassien », et qui avaient pris l’habitude de jouer dans le dancing OK Bar, (établissement qui porte ses initiales), tous les samedis soir et dimanches après midi, parallèlement à leur emploi pendant la semaine au studio, se constituent ainsi en orchestre qui porte l’appellation « OK Jazz ». L’idée est venue de Jean Serge Essous qui avait trouvé mieux d’honorer Oscar Kashama qui avait mis une sono et son bar à la disposition du groupe. Le nouvel orchestre sous la houlette d’Oscar Kashama « Kassien » compte au début dix musiciens mais ils ne seront cependant que sept à la sortie le 20 Juin 1956 au Parc de Boeck (Parc du Zoo), notamment : Jean Serge Essous, chef d’orchestre (clarinette) – François Luambo « Franco » et Daniel Loubelo « De la lune » (guitare)- José Philippe Lando « Rossignol » et Victor Longomba (chant) Saturnin Pandi « Ben » et Nicolas Bosuma « Dessoin » (tumbas)
Franco rivalise avec les deux meilleurs guitaristes de la musique congolaise de l’époque, Emmanuel Tshilumba Wa Boloji « Tino Baroza » et Nicolas Kasanda « Dr Nico » et s’impose comme le meilleur spécialiste du jeu en sixte, technique qui consiste à jouer la guitare en pinçant plusieurs cordes à la fois, style à partir duquel il a donné naissance à « L’école OK Jazz » basée sur la « rumba Odemba », dont la rythmique et la gestuelle seraient issues du folklore de la tribu mongo de Mbandaka (RDC). L’exploit de Luambo à la guitare, a reconnu un spécialiste, c’était aussi de ne jouer qu’avec trois doigts de la main gauche avec un doigté très particulier.
Le meilleur de Franco, aussitôt après la création de l’OK Jazz (Juin à Décembre 1956 aux Éditions Loningisa ») se trouve peut être dans les plages réalisées avec le célèbre clarinettiste Jean Serge Essous. Ils se complétaient admirablement et s’accompagnaient d’ailleurs mutuellement lors des séances d’enregistrement de la période précitée.
1956, le 27 Décembre. Premières défections au sein de l’OK Jazz et de la Firme Loningisa : Six mois après, et à l’issue du dernier enregistrement de l’année 1956, les six premiers compagnons de Luambo Makiadi Franco dont Jean Serge Essous, José Philippe Lando « Rossignol », Saturnin Pandi quittent l’OK Jazz. Avec Paul Ebengo « Dewayon et Augustin Moniani « Roitelet ». Ils seront accueillis en Janvier 1957 par Henri Bowane et l’éditeur grec Dino Antonopoulos de la firme « Esengo » d’où naîtront les orchestres Rock-A-Mambo et Conga Jazz, lesquels seront rejoints par l’African Jazz de Joseph Kabasele. Ces départs seront compensés, la même année, par l’arrivée d’Edouard Ganga « Edo », Célestin Kouka, Nino Malapet et Antoine Armando « Brazzos ». D’autres arrivées seront enregistrées ; celles du saxophoniste Isaac Musekiwa et du clarinettiste Edo Clary Lutula, des chanteurs Jean Munsi Kwamy et Joseph Mulamba « Mujos » ou encore des musiciens Tshamala Jean « Picolo » (guitare), Kalombo Albino (saxo), Bombolo Léon « Bolhen », (guitare) EPAYO Alphonse (basse), Moke Simon (percussion).
1960 : Un départ de l’OK Jazz, qui n’est pas des moindres, celui du chanteur Victor Longomba « Vicky » qui rejoint Joseph Kabasele pour participer, avec l’African Jazz, à la table ronde belgo-congolaise du 20 Janvier au 20 février 1960. Avec eux, un autre musicien de l’OK Jazz, le bassiste Antoine Armando « Brazzos ».
Luambo Makiadi Franco1960 : Rupture de contrat entre Luambo et les Éditions Loningisa des frères grecs Basile et Athanase Papadimitriou
Deux ans avant son expiration en 1962, et grâce à l’implication de Justin Bomboko, alors ministre congolais des affaires étrangères, Luambo Makiadi Franco rompt son contrat avec les Éditions Loningisa.
1961 : L’OK Jazz se rend à Bruxelles, après l’African Jazz en 1960. Franco et son groupe sont conviés par les éditions « Surboum » de Joseph Kabasele, (premier éditeur congolais) à enregistrer sous son label. Il en sortira : « La mode ya Puis », « Amida muziki ya OK, « Nabanzi Zozo », « Jalousie ya nini na ngai », « Como quere »… réalisées avec la chaleureuse voix de Mulamba « Mujos ». Suite à ces enregistrements, l’OK Jazz sera doté par Joseph Kabasele, de son premier équipement musical.
1961 –Luambo Makiadi Franco crée les éditions musicales « Epanza Makita »
De retour de Bruxelles, Luambo s’inspire de l’expérience de Joseph Kabasele et crée, à son tour, les éditions « Epanza Makita », avec le concours de Thomas Kanza, personnalité politique de l’ABAKO qui a assuré les bons offices auprès de la firme belge Fonior. Néanmoins, Luambo va parallèlement continuer à sortir quelques disques chez Loningisa jusqu’en 1962, année au cours de laquelle, l’éditeur grec Papadimitriou ferme définitivement « Loningisa ». Ganga Edo et Loubelo « De la lune » vont, quant à eux, réintégrer l’OK Jazz le 11 Août 1962. Aux éditions Epanza Makita succéderont, en 1965, les éditions Populaires.
1961 – 1989 – Franco à la croisée des chemins
Entre 1961 et 1989, Franco va jouer avec de jeunes talents et des vedettes confirmées avec qui le dialogue est passionnant et fructueux. Certes, la notion de gain était le leitmotiv à travers lequel toutes les tentatives étaient permises. Le groupe va totaliser jusqu’à près de 50 musiciens qui, au début des années 80, furent repartis en deux groupes : un à Kinshasa et un autre à Bruxelles, avant de s’implanter en 1982 en Belgique.
Au nombre des musiciens qui, pendant cette période, se sont révélés exceptionnellement doués et « rumberos » de haut niveau, tout comme quelques évènements qui s’y rattachent, notons : Lutumba Simon « Simaro » (1961), Kiamuangana Georges « Verckys », Djali Christophe, Djangi Checain « Lola » (1963), Boyibanda Michel, Dele Pedro (1964) Lununa Mbemba(1965), Youlou Mabiala Gilbert (1966), Bitshoumanou Francis « Celi Bitsu », (1966) Pouela Jean-Félix « Dupool » (1966), Diangani Nestor (1966), Mose se Sengo « Fanfan » (1968).
Cette période sera aussi marquée par le conflit qui a opposé en 1965 Luambo Franco et Jean Kwamy a la suite du départ de ce dernier dans l’African Fiesta. Conflit qui a inspiré deux chansons opposantes « Faux millionnaire » de Kwamy et « Chicotte » de Franco. Il est à noter aussi la participation de l’OK Jazz, en 1966, au premier festival mondial des arts nègres de Dakar, aux côtés des Bantous de la capitale de Brazzaville. Boyibanda Michel (13 avril 1964), Pouela J.Félix « Dupool » (1966) Youlou Mabiala (15 août 1966) inaugurent une nouvelle ère de la présence des musiciens brazzavillois dans l’OK Jazz. Notamment après l’expulsion des Brazzavillois de Kinshasa, le 22 Août 1964 par Moïse Tshombé.
1967, en Avril, départ massif des musiciens qui vont aller monter l’orchestre « Révolution » : Mulamba « Mujos », Munsi « Kwamy » (ex. A. Fiesta), Welakingara « John Payne », Armando « Brazzos », Tshamala « Picolo », Bosuma « Dessoin » Musekiwa Isaac, Djali Christophe, Michel Boyibanda. Le temps de sortit les titres « Ngai mwana Congo » et « Divorce » de Mujos, « Mopepe ya mbula » et « Kinshasa nayaki de Kwamy. Le groupe va imploser et certains dissidents vont retourner chez Luambo Makiadi.
1972, le 27 Octobre, Mobutu, président du Zaïre, décrète la loi de recours à l’authenticité, obligeant les Zaïrois à abandonner leurs prénoms chrétiens pour des prénoms authentiquement zaïrois. C’est à partir de cette date, que François Luambo « Franco » est devenu Luambo Makiadi L’Okanga Lwa Djo Pene.
1978, le génial chroniqueur dont on appréciait la vocation de pédagogue social, s’est laissé aller dans les caricatures obscènes. Il chante « Hélène » et « Jacquie » deux titres à caractère pornographique, (vendus à la sauvette) qui vont le conduire en prison. Son honneur en prendra un coup. Il s’agissait de son …troisième séjour en prison après 1952 et 1959 sous l’administration coloniale belge pour défaut de pièce d’identité, puis de permis de conduire - accident sur la Vespa -). Infractions que les Belges réprimaient sévèrement.
Septembre 1987 : Excellente idée de Franco de faire appel à deux chanteuses : Nana et Baniel pour un exercice de style aux voix veloutées. L’expérience n’a pas duré, certes, mais, elle a été couronnée par deux disques dont les morceaux ont été tous des reflets de l’univers urbain kinois : « C’est dur, la vie d’une femme célibataire », « Je vis comme un PDG », « Les ont dit », « Flora est une femme difficile ».
Sur cette photo, Franco (à l’extrême droite, à l’arrière), lors de l’un de ses derniers concerts en Europe avec au chant, de gauche à droite (à l’avant plan) : Aimé Kiawakana,Malage de Lugendo, Madilu System et et Joscky Kiambukuta
Septembre 1989 : Les concerts d’adieu de Luambo Makiadi
Septembre 1989, soit un mois avant sa mort, Luambo Makiadi dont la santé décline fortement, trouve quand même la force de livrer des concerts à Bruxelles, Londres et Amsterdam. Le 22 Septembre, à Amsterdam, il jouera son ultime concert avant d’être admis à l’hôpital le lendemain. Auparavant, Luambo Makiadi avait enregistré, à Bruxelles, son dernier album « For ever » accompagné par le chanteur Sam Mangwana.
L’artiste rendra son dernier souffle le 12 Octobre 1989 à Namur en Belgique, après plusieurs mois d’incertitude et de rumeurs, quant à la nature de la maladie qui le rongeait. Rapatrié le 15 Octobre à Kinshasa il a été inhumé le 18 Octobre au cimetière de la Gombe, avec des honneurs dus à un à un héros national. Quelques années après sa mort, une avenue de Kinshasa porte, depuis, son nom : - Avenue Luambo Makiadi Franco - (ex. avenue Bokassa)
Lutumba Simarro Masiya et Joscky Kiambukuta
L’héritage de Luambo Makiadi
Sur la continuité de son œuvre à travers son orchestre, en 1996, un confrère du journal « Etumba » en 1996 constatait avec regrets : « Les espoirs que tous les mélomanes avaient mis sur l’immortalisation de l’OK Jazz se sont estompés trois ans seulement après la mort de Franco. Les musiciens, en effet, n’ont pas pu arrêter leurs ambitions personnelles pour sauver l’essentiel, c’est-à-dire : l’OK Jazz. Les problèmes de discipline, aggravés par ceux du patrimoine légué à la famille Luambo ont conduit, au début de l’année 1994, à l’éclatement de l’OK Jazz.- Madilu, la famille Luambo, l’OK Jazz (vidé de ses musiciens) d’un côté. Lutumba Simaro et presque tous les musiciens de l’OK Jazz, avec lui ; de l’autre. Les derniers, sous la direction de Lutumba, vont former le 01 Février 1994, le nouvel orchestre dénommé "Bana OK". Malgré toutes les interventions des autorités gouvernementales du Zaïre, aucun arrangement ne sera obtenu pour réconcilier les deux parties »
Tout est parti d’un concert joué par Madilu à Bruxelles, avec les anciens musiciens de l’OK Jazz installés dans cette ville. Une entorse au règlement du groupe qui interdit l’organisation, à l’étranger, des concerts sous le nom OK Jazz. Madilu sera suspendu trois mois. Cette suspension ne sera pas du goût de la Famille Luambo, particulièrement, Marie-Louise Akangana, la sœur de Franco, qui réagira en confisquant les instruments. Elle ira même plus loin en exigeant l’augmentation du pourcentage que l’OK Jazz devait dorénavant verser à la Famille Luambo. La famille soutenait, en effet, la position de Madilu, selon laquelle le concert donné à Bruxelles était destiné à apporter de l’aide aux enfants de Franco.
Malgré l’engagement qu’il avait pris à la mort de Franco de sauvegarder l’œuvre du Grand Maître, Lutumba Ndomanueno Simaro, successeur sans aucun pouvoir, va annoncer la création de l’orchestre Bana OK (le 1er février 1994) avec, dans la foulée, la sortie de l’album « Cabinet molili » juste après la sortie par Madilu d’un album comportant la chanson « Ya Jean » qui cartonne.
La crise d’hypertension qui terrassa l’OK Jazz
En 1996, l’un des fils de Luambo Franco, dans le souci de perpétuer la mémoire de son père, sollicite les services de Youlou Mabiala Gilbert et de Boyibanda Michel pour restaurer l’orchestre OK Jazz. La demande acquiert le consentement des deux musiciens brazzavillois. Cependant, Boyibanda Michel se rétractera par la suite, laissant Youlou Mabiala faire cavalier seul avec de jeunes musiciens de Kinshasa et de Brazzaville, parmi lesquels ceux qui avaient évolué avec lui dans le groupe Kamikaze.
Le 24 Décembre 1996, Youlou Mabiala lance des hostilités par une chanson très controversée, car elle ne plait pas à Lutumba Simaro qui se sent visé : « Mwana ya Luambo ». Une diatribe qui accuse, en mots couverts, la bande à Lutumba Simaro d’avoir trahi la mémoire du Grand Maître. Youlou Mabiala s’affiche en uniqué héritier et comme pour sceller indéfiniment ses liens avec la famille de l’illustre disparu, Youlou va épouser la fille ainée de Luambo Makiadi, Marie-Hélène Luambo « Mama Leti ». Hélas, la suite sera moins idyllique et tournera au tragique : le 15 Août 2004, lors d’un concert à Pointe-Noire, Youlou Mabiala est terrassé par une crise d’hypertension. Un tournant douloureux qui, du coup, mit définitivement fin à l’existence de l’OK Jazz.|
22 septembre 1985 - 22 septembre 2009
Kasanda Nicolas, dit « Nico mobali » et plus tard « Docteur Nico », a vu le jour à Mikalay (Province du Kasaï Oriental – RDC), le 7 Juillet 1939. Tout le prédestinait à devenir le génial solo-guitare dont la réputation n’avait d’égal que sa grande modestie. Après de brillantes études chez les Frères des écoles chrétiennes de Leo II (aujourd’hui Kintambo), il en sortit un mécanicien accompli. Nico serait peut- être le seul musicien de Kinshasa à avoir terminé des études qu’il avait menées de front avec sa formation musicale.
C’est son grand-frère Charles Mwamba « Dechaud », et son cousin Tino Baroza sortis de l’école de Jhimmy en 1951, qui initieront le jeune amateur, aux mystères joyeux de la guitare. Ses dons innés l’aideront efficacement à en pénétrer rapidement tous les secrets. Très vite, bien qu’étant encore écolier, il se produira devant un public averti qui ne lui ménagera pas ses applaudissements. Sa renommée fera rapidement son chemin et on ne l’appellera plus que « Nico mobali ».
Avec son frère professeur qui dorénavant ne jouera que le rôle non moins important d’accompagnateur, chaque jour il va fructifier ses talents dans l’orchestre African Jazz, lequel , sans lui, ressemble à un corps sans âme. Il est devenu synonyme de guitare magique car la guitare de Nico a un langage particulier : elle pleure, elle rit, mais elle chante toujours. En 1960, à la Table ronde de Bruxelles, Nico Kasanda est au sommet de sa gloire pour le soin extrême qu’il apporte à la production de l’album « Indépendance Cha cha cha » ainsi qu’à la sophistication de la guitare solo.
Retrouvailles à Kinshasa en 1982 entre Manu Dibango, Nico Kasanda, Izeidi et Tabu Ley |Photo d’archivesPour l’essentiel de la carrière du Dr Nico Kasanda, voici les principales périodes qui ont marqué son parcours.
1953 – Membre de l’Orchestre African Jazz de Joseph Kabasele, aux éditions Opika, avec, au fil des années des musiciens comme Charles Mwamba « Dechaud », Antoine Kaya « Depuissant », Dominique Kuntina « Willy », Roger Izeidi, Ettienne Diluvila « Baskis, André Menga, Albert Taumani , Isaac Musekiwa, Baloji « Tino Baroza », Albert Kabondo, Albert Dinga, Augustin Moniania « Roitelet », Armando « Brazzos », Edo Clary Lutula, Tabu Ley « Rochereau » Joseph Mulamba « Mujos », etc..
1963, le 13 Juillet, tous les musiciens de l’African Jazz se séparent de Joseph Kabasele pour former l’Orchestre African Fiesta sous la marque de disque Vita.
LES SUCCES D’AFRICAN FIESTA SUKISA
En 1967, Nico recrute les chanteurs Chantal Kazadi, Lessa Lassan et Sangana, le flûtiste-saxophoniste Michel Ngouolali, ancien sociétaire des Bantous de la Capitale, Ye Bondo dit Bovick, guitariste pop, qui vient d’Elisabethville au Katanga. Nico et son African Fiesta Sukisa mettent sur le marché plusieurs disques 45 tours dont «Tu m’as déçu Chouchou», «Sadi naboyi masumu», «Ntumba», «Fanta Diarra», «Kiri mabina ya sika», «Nazali se mobali na yo», «Yaka toyambana», «Tour d’Afrique», «Sule», «Mwa Kasanda», «Pokwa Paris», «Aimé Zonge», «Sukisa miziki ya lokumu», «Julienne importée», etc. Un disque pose problème: «Kiri mabina ya sika». Docteur Nico réclame la paternité de la danse du même nom créée par les Bantous de la capitale. De toute évidence, il semble que c’est Michel Ngouolali qui a suggéré à Nico l’existence de cette danse. Pour renforcer son attaque chant, il recrute encore le chanteur Josky Kiambukuta, en 1969.
Cette période marque le grand succès de l’orchestre avec des titres comme «Na keyi Abidjan» et «Chantal» de Chantal Kazadi, «Echantillon ya pamba» de Lessa Lassan, «Aruna», «Ngalula mipende ya milangi», «Zadio», «Bougie ya motema», «Pauline», «Saouda», «Je m’en fous», «Mbandaka», «Marie-Pauline», «Mokili ya Nzambe», «Béa akeyi wapi», «Mira», «Ka munganzi ko», «Bolingo ezali po na kisi te», «Asalam malekoum», de Docteur Nico. Hélas ! African Fiesta Sukisa connaîtra un naufrage prématuré en 72. Nico Kasanda et Déchaud Mwamba sont les rares musiciens qui puissent se vanter d’avoir fait danser le président ivoirien, Félix Houphouët Boigny.
C’est alors que Tabu Ley le récupère au sein de son Afrisa International en 1982. Un hit mémorable marque ce come back qui défraie les annales musicale. Il y a un prémonitoire «Résurrection». On y parle de Docteur Nico sorti de l’eau alors que tout le monde le croyait mort et enseveli. Mais ce n’est toujours pas le havre de paix musical qu’il cherchait. Quelque temps après, Docta Kasanda liera sa vocation à celle de VA. Ce ne fut qu’un feu de paille, qui crépita et s’éteignit de lui-même faute de combustible artistique. Tantine Abeti Masikini, qui lorgnait les prouesses majeures du guitariste maestro, le convie à participer aux enregistrements de son groupe au studio de l’Industrie Africaine du Disque (Iad) à Brazzaville.
Ceci constitue un véritable porte-bonheur pour ce dieu de la guitare. Il fait un périple en terre française en tant que guest star du groupe les Redoutables. A Paris où il séjourne cinq mois durant, les artistes zaïrois et ceux de l’Afrique de l’Ouest profitent de sa présence pour embellir leur musique avec les partitions magiques du Docteur, orfèvre de la guitare.
Grâce à cette collaboration avec Abeti Masikini, il décroche un contrat qui le conduit à Lomé au Togo, où il participe à la tournée ouest-africaine de l’Ecurie Aziza. Nico Kasanda catalyse la curiosité des mélomanes qui, à tort, avaient cru à la disparition de ce virtuose de la guitare. Dans sa verve artistique, il réalise un album pour le compte de l’Office togolais du Disque (Otodi) avec Gérard Biobiovana Akweson, le mari et mentor d’Abeti Masikini.
Ensuite, Akweson l’invitera aux Etats-Unis d’Amérique par le biais de la colonie sierra-léonnaise des Usa. Ce retour impromptu à la Zorro aux yeux du public, surtout l’ancienne génération, le revêtit d’un charisme incontestable. En fait, Docteur Nico Kasanda fut et demeure le plus grand monument de la guitare qui rythme et embellit les chansons dans l’histoire de la musique congolaise contemporaine.
Docteur Nico fut un artiste de grande valeur, qui avait un respect absolu envers les pionniers de la musique congolaise. Leurs œuvres avaient une place particulière chez lui. Selon Nico Kasanda, ces vieux avaient produit la vraie et aussi la pure musique congolaise. Pour lui, un musicien congolais digne de ce nom devait écouter, comprendre et pénétrer leurs œuvres pour ensuite les modifier et corriger quelques-unes de leurs erreurs.
L’artiste-musicien Kasanda Wa Mikalayi aimait dire, à propos de la musique des rythmes afro-cubains et d’autres rythmes d’Amérique centrale, qu’ils sont apparentés à la musique africaine, grâce à la traite négrière. Il réfutait l’assertion selon laquelle les Africains imitaient et copiaient la musique afro-américaine.
1965, le 16 Novembre, scission de l’African Fiesta en deux orchestres qui voient le jour en 1966 : L’African Fiesta National de Tabu Ley « Rochereau ». et l’African Fiesta Sukisa du Dr Nico Kasanda constitué, au fil des années , des musiciens : Charles Mwamba « Dechaud », Pierre Bazeta « De la France », André Lumingu « Zoro » (guitares et guitare basse), Victor Kasanda « Vixon », Joseph Mingiedi « Jeff », Pedro « Cailloux », Gabriel Kayumba « Francky » Michel Ngoualali (trompettes, saxos et flûte), Paul Mizele « Paulins », Michel Banda« Micky », Joseph Ayombe « José », Dominique Diongas « Apôtre » Lambert Kalamoy « Vigny », Chantal Kazadi, Lassan Lessa, Valentin Kutu « Sangana », Josky Kiambukuta, Lucie Eyenga (chant), Georges Armand (batterie), etc.
Dans les années 70, l’African Fiesta Sukisa, devient l’un des groupes les plus populaires de la musique congolaise, et connaît un succès énorme. Il a surtout prouvé qu’il était un des garants les plus originaux du rythme « Mutuashi » issu du profond Kasaï. La guitare de Nico était immédiatement reconnaissable avec sa manière de couvrir toute l’étendue sonore des morceaux bien balancés et terriblement accrocheurs.
Des titres comme : « Bougie ya bolingo » « Ngalula » « Suzarina » « Zadio » « Bolingo ya sens unique » « Echantillon ya pamba » « Bolingo po na kisi te » et tant d’autres vont bénéficier d’une mise en place simple, mais efficace. Fraîcheur et spontanéité. African Fiesta Sukisa se présentait à cette époque avec une importante section rythmique emmenée par une guitare savante de Nico, l’accompagnement de Mwamba « Dechaud », la basse de Lumingu « Zoro » la batterie de Georges Armand et au chant le sublime Kazadi Chantal et le génial Lessa Lassan.
La reformation de Fiesta Sukisa au début des années 80 (enregistrement à L’I.A.D. Brazzaville – Intégration de la chanteuse Lucie Eyenga) va connaître des hauts et des bas, au point où l’orchestre va s’effacer pratiquement de la scène plusieurs mois avant la traversée du désert du Dr Nico Kasanda. En effet, au début du mois d’Août 1985, la santé de Nico a commencé à décliner et l’artiste va bénéficier tardivement de l’assistance du président Mobutu pour son évacuation à Bruxelles où il mourra le 22 Septembre 1985 peu de temps après son admission à l’hôpital Saint Luc de Bruxelles.
Monument du passé
Hommage à Ntesa Dalienst 13ans deja depuis sa mort 23 sept1996 - 23 sept 2009
On le savait déjà immortel grâce à sa riche discographie «Jarria», «Maria Mboka», «Tokosenga na Nzambe», «Obotami mobali, ndima pasi», «Biki», «Muzi», «Bina na ngai na respect», «Tantine», «Mulele», et bien d’autres chansons témoignent encore de la grandeur de cet artiste – musicien à texte. Chanteur de charme et de renom, grand romantique de la chanson congolaise, il berçait doucement les mélomanes par sa voix chaleureuse et captivante. Il avait toujours le sourire aux lèvres, avec un regard plein de charme et de gentillesse, Daniel Ntesa Nzitani dit Dalienst.
Né à Kinsiona dans les Cataractes province du Bas-Congo le 30 octobre 1946, Daniel Ntesa Nzitani, commence à étudier chez les catholiques en 1951, à Christ-Roi. En 1956, à l’âge de 10 ans, il monte un orchestre de jeunes dénommé Motema Jazz. Ils jouent avec des boîtes de conserve et des guitares de fabrication artisanale. A cette époque-là, il fréquente l’école des missionnaires catholiques à N’Djili où on leur apprend des chansons religieuses. Il est déjà choriste. De parents kimbanguistes, son père souhaite qu’il chante dans une chorale « kintuadi ». Ses parents l’envoient en pension à Nkamba, au Bas-Congo, et ensuite à l’école normale de Gombe-Matadi, où il fait partie de la chorale. Là-bas, son professeur de chant, qui apprécie sa voix, le fait chanter souvent.
Diplômé des études secondaires pédagogiques, il enseigne une année durant au Cycle d’Orientation (C.o), avant d’embrasser la carrière musicale en 1966. Il devient Dalienst, qui vient de Daniel Ntesa par anagrame. En fait, il prend le « Da » et le « iel », en mettant le « l » devant « ie » de Daniel en devenant « lie », en y ajoutant le « nst » de Ntesa.
En 1967, il est engagé dans l’orchestre Vox Africa de Jeannot Bombenga Wa W’ewando, où il joue avec Sam Moreno Mangwana. Il se fait remarquer dans les titres «Aline» et «Likuta ya pembeni epekisami». Une année après, en 1968, Sam Mangwana - comme chef de file - et Vangu Guivano quittent African Fiesta National de Rochereau Pascal Tabu. Ils montent l’orchestre Festival des Maquisards, qui se veut un orchestre new look, avec l’appui du capitaine Denis Ilosono. Un homme politique, Alphonse Kithima Bin Ramazani, met à la disposition du groupe des instruments de musique. Dalienst est avec eux. Il y trouve Lokombe, Dizzy Mandjeku, Johnny Bokosa, Mavatiku Michelino et Diana qui vient, lui aussi, de quitter Rochereau.
Festival des Maquisards connaît une scission en 1969. Guivano monte l’orchestre Dua. Sam change la dénomination de son groupe, qui devient le Festival de Sam. Lokombe, fonctionnaire de son Etat, rentre à la Fonction publique. Diana repart chez Rochereau dans African Fiesta National. Abandonné par Sam et Guivano, Dalienst désemparé échafaude l’hypothèse d’un retour dans Vox Africa. Dizzy Mandjeku, à qui il en parle, lui suggère de monter un nouvel orchestre. C’est ainsi qu’ils s’adressent à Verckys Kiamwangana pour donner corps à leur projet. C’est la naissance des Grands Maquisards. Ils contactent Lokombe et Diana, qui viennent à leur secours. C’est une véritable révolution parmi les groupes musicaux de l’époque : African Jazz de Joseph Kabasele dit Grand Kallé, O.K Jazz de Franco Luambo, African Fiesta National de Rochereau Pascal Tabu, African Fiesta Sukisa de Nicolas Kasanda dit Docteur Nico et centrale, Bamboula de Papa Noël Nedule. C’est le succès !
L’OSSATURE DES GRANDS MARQUISARDS
Dizzy Mandjeku, fonctionnaire à la Banque centrale, prend en charge les frais de répétition des Grands Maquisards, le nouvel orchestre qu’il vient de créer en compagnie de Dalienst, Lokombe et Diana. Ntesa sort «Obotami mobali, ndima pasi», qui retrace les galères vécues après la disparution du Festival des Maquisards. En dépit des difficultés, l’orchestre demeure solidaire. Le succès des Grands Maquisards est foudroyant.
L’ossature de l’orchestre est composée de : Chanteurs : Ntesa Dalienst, Lokombe Nkalulu, Diana, Kiese Diambu et Loulou (pop) ; Guitare Solo : Dizzy Mandjeku et Mageda ; Mi-Solo : Kalambay ; Guitare d’Accompagnement : Dave Makondele ; Guitare Basse : Franck Nkodia ; Tumba : Domsis ; Batterie : Tambu Tabi ; Saxophone : Michel Saxo ; Trompette : Mambert, Jeannot et Jean-Marie Kabongo. Ils enregistrent six disques pour le compte des éditions Vévé, notamment «Mado» de Lokombe, «Esese» de Diana, «Obotami mobali, ndima pasi», «Maria Mboka», «Biki 1 et 2», «Tokosenga na Nzambe» de Dalienst. Des morceaux, des tonnes de décibels qui maintiennent les mélomanes de la bonne musique dans la bonne humeur.
Au début de l’année 70, les éditions Vévé de Verckys Kiamwangana réalisent les premiers disques de l’orchestre Grands Maquisards, qui enthousiasment les mélomanes kinois et brazzavillois. On ne fait pas encore de grandes affiches à cette époque. Alors Verckys recouvre le mur de sa parcelle, sur l’avenue Eyala (commune de Kalamu), de couvertures de disques des Grands Maquisards. Quelque temps plus tard, Aimé Kiwakana fait son entrée dans les Grands Maquisards.
Ces premiers succès des Grands Maquisards seront suivis par d’autres succès tels que «Mabala ya Kinshasa», «Kaka po na ye» de Dizzy Mandjeku, « Sonia» de Diana, «Kayumba Marthe» et «Tolimbisana» de Lokombe «Jarrya», «Kiese» de Kiese Diambu, «Mavata», «Beneda», «Sisi moke» de Dalienst, «Kimbokoto» de Franck Nkodia.
En 1973, Diana quitte les Grands Maquisards. En 1974, après trois ans de fiançailles, il se marie à Mme Thérèse Mavata Nkue, la mère de ses quatre enfants. Mais, hélas ! L’orchestre Grands Maquisards, la grande force musicale est composée de jeunes manquant d’expérience, et de sens des affaires. Verckys Kiamwangana, leur éditeur et producteur, n’est pas naïf. Il leur réserve un salaire mensuel. Ils sortent plusieurs disques, sans en toucher des royalties. Ils ne savent même pas ce que sont les droits d’auteur. Ne voulant plus continuer avec les éditions Vévé, le groupe est contraint à disparaître par la force des choses. L’orchestre se disloque en 1975. Dizzy Mandjeku ne tient pas non plus à affronter le ridicule. Il récupère tous ses anciens collègues - sans Ntesa, Kiese Diambu et Michel Sax - dans une formation appelée Kossa-Kossa, parrainé par Miezi, le propriétaire du dancing - bar «la Suzanella Maison Blanche».
En 1976, Luambo Makiadi Franco et le T.P O.K Jazz recrutent Dalienst Ntesa, au même moment que le guitariste soliste Thierry Mantuika. Il y reste neuf ans et devient chef d’orchestre (sept ans). Dans l’O.K Jazz, il écrit beaucoup de chansons, à succès, dont «Muzi», sorti en 1980 et «Bina na ngai na respect» en 1981. Ces deux œuvres sont plébiscitées meilleures chansons en 1980 et en 1981. Lui-même est désigné meilleur chanteur et meilleur auteur – compositeur pendant deux ans. O.K Jazz est consacré deux fois meilleur orchestre de l’année.
En 1982, O.K Jazz sort l’album «Princesse Kiku», qui comprend, en dehors de «Princesse Kiku» de Franco, «Mawe» de Pépé Ndombe, «Nostalgie Tanzi» de Josky Kiambukuta, Ntesa contribue avec la chanson «Tantine». La même année, il fait partie de l’O.K Jazz qui s’installe à Bruxelles. Il y sort plusieurs titres. Avec Josky et Serge Kiambukuta, ils lancent un album commun en 1985.
En 1984, son œuvre «Muzi», est reprise dans la complication «African Music» du grand artiste camerounais de renommée internationale, Elvis Kemayo. Il s’installe définitivement à Bruxelles (Belgique), en 1985. En 1987, il imprime une belle chanson «Coup de foudre» dans l’album «Maracas d’or», dans lequel il excelle dans la chanson «Tangawisi» de Papa Noël Nedule. En 1988, à 41 ans, il a l’idée de récréer les Grands Maquisards. Il se met courageusement à reformer un orchestre, composé de Belges et de Congolais, dont le saxo Didan. La même année, il sort son premier album solo, produit par Luambo Makiadi Franco. C’est l’album «Mamie Zou», qu’il joue avec le concours du T.P O.K Jazz. Cet album compte quatre titres : «Mamie Zou», «Dodo», «Nalobi na ngai rien» et «Batindeli ngai mitambo». Ya Ntesa concocte de tendres mélodies dont il a le secret. Encore et toujours des histoires d’amour. Dans la chanson «Mamie Zou», la femme remercie son mari pour leurs vingt ans de mariage heureux. Dans «Dodo», l’homme demande à sa femme de vivre cinquante ans de mariage comme leurs parents. En sera-t-il de même pour leurs petits enfants, demande-t-il?
En 1994, il monte l’orchestre Afri-Jazz, composé d’anciens pions majeurs de l’Afrisa International et de l’O.K Jazz, et aussi quelques jeunes. Il s’agit de lui Ntesa Nzitani Wuta Mayi, Michelino Mavatiku, Papa Noël Nedule, Shaba Kahamba, Youlou Mabiala, Pompon Kuleta, Bopol Mansiamina, Diasi, Ada Muangisa, Serge Kiambukuta, Michel Sax, Monglisha, Caien Madoka, Egide, Djudju, Salo, Armando et Niau. Ils ne sortent qu’un seul album, «Frappe chirurgicale aérienne» qui contient huit titres.
En décembre 2001, un ouvrage lui est dédié. Il s’agit du livre «Ntesa Dalienst et la sublime épopée des Grands Maquisards» de Jean-Claude Gakosso, publié aux éditions Gutenberg - IGB (Collection Musiques d’Afrique), pour perpétuer la mémoire du grand chanteur, qui a dirigé l’un des meilleurs orchestres des années 70. C’est un livre de 95 pages de texte et de photos. Là-dedans, on découvre des portraits individuels. Leurs tribulations managériales et leurs précarités existentielles sont contées avec un sens prononcé de la recherche et du récit. Ecrit selon une approche romancée, l’essentiel du texte, fresque en huit volets, se lit d’un trait. Sans être une anthologie, l’ouvrage jette une lumière sur le fond musical des deux Congo (Kinshasa et Brazzaville, comme pour expliquer la fécondité de l’artiste et de l’orchestre célébrés. Cet ouvrage a été présenté au public le 14 décembre 2001, au Mess des Officiers, au cours d’une soirée consacrée à Ntesa et aux Grands Maquisards.
Sur la terrasse du Mess des Officiers, accompagnés par l’orchestre Bana Poto-poto de Bienvenu Roland Faignond, les Dizzy Mandjeku, Michel Sax, Franck Nkodia, Domsis, Dave Makondele, Malage De Lugendo, Verckys Kiamuangana, Jeannot Bombenga, Jean Serge Essous, interprétent les succès des Grands Maquisards. Sont aussi exécutés, ceux des Franklin Boukaka, Kallé Jeef, Docteur Nico, Rochereau Pascal Tabu, à la grande satisfaction du public. Evocations, témoignages, partie de danse, séance de dédicace, en présence de sa veuve, Thérèse Mavata et ses enfants. Dalienst bénéficie d’un hommage digne de l’homme du public qu’il fut.
Lors de la dernière édition du Kora Awards, lorsqu’un animateur d’une chaîne de télévision kinoise avait tendu son micro à l’artiste - musicien Salif Keita, pour chanter une chanson d’un artiste - musicien congolais, lui qui vit avec ces stars d’aujourd’hui à Paris, le Malien avait chanté «Muzi», à la grande surprise de ses pairs musiciens. Dalienst est mort, le 23 septembre 1996 à Bruxelles, suite à une opération chirurgicale du cerveau.
Mbilia bel "Reine Cleoptre" :Mbilia bel, de son vrai nom Marie claire mbilia Mboyo,a commence sa carrirere en 1976 comme coriste chez Abeti massikini. En 1980 elle rejoint Sam magwana pour travailler un an.Quelques mois plus tard elle integre le groupe afrisa de Tabu ley, c'est la qu'elle va etre reveler au grand publique. duran ces annees,Mbilia bel connais la gloire et un succee phenomenal,avec des albums cultes comme eswi yo wapi,beyanga,boya ye,nairobi ect... qui lui donneront le statut de star internationale.
Mbilia bel avait tout pour etre une star,beaute et voix.
En 1988, elle quite tabu ley et commence une carriere solo en lancan l'album Phenomene.cet album connais un grand succee; Mbillia va en tournee dans le monde entier:Europe,Amerique,Canada et dans toutes l'Afrique.De 1988 a 1997 les albums Desole,Ironie,8/10 veront le jour.Pour Entrer dans le nouveau milenaire,Mbilia donne une nouvelle tournure a sa cariere, avec un style moderne et varier pour sa music. C'est son album Welcome sortie en 2003,qui marquera se changement,on y trouve des rythmes rumba,salsa,rnb,zouk,world music.c'est album recoltera le succe qu'il meritera au Kora en afrique du sud.
Avec son Nouvel album"Belissimo"sortie en 2005,Mbilia bel reste a jamais la Reine cleopatre de l'Afrique
Papa Noël Nedule à l'expérience cubaine
Quand on parle de Nedule Papa Noël, on pense certainement à l'un des grands guitaristes et auteurs inspirés de la musique congolaise moderne. En 50 ans de carrière riche en succès, Il a produit des œuvres de grande valeur. Depuis 2001, il vit au Cuba, où il travaille avec le musicien Papi Oviedo. Et il a récemment présenté à Kinshasa son dernier opus, « Bana Congo », fruit du travail de deux musiciens, enregistré à La Havane et largué sur le marché depuis trois mois.
Le dimanche 12 mars 2006
N l'appelle affectueusement par ses amis et collègues « Ya Nono ». Antoine-Emmanuel Nedule Monswest, dit Papa Noël, est né le 25 décembre 1940 à Kinshasa. Il fut baptisé Noël, contrairement à la tradition congolaise, qui exige que l'enfant, surtout un garçon, porte le nom de son père à sa naissance, ou d'un parent décédé, parce qu'il était né le 25 décembre, le jour de la fête de Noël. Il y a plus de deux mois, il était venu pour l'inhumation de sa fille, l'une des chanteuses de Benz Bozi Boziana dans Anti-Choc.
Débuts
Papa Noël & Papi Oviedo
« Bana Congo »
Kinois de souche, ce dernier avait quitté sa ville natale depuis 1989 pour l'Europe. Lors de son séjour à Kinshasa, Papa Noël, l'un des instrumentistes de talent, a été la vedette la plus sollicitée des émissions de radio et télé de la capitale congolaise. Grand guitariste, auteur et arrangeur, le nom de Nedule Papa Noël est inscrit sur la liste de grandes vedettes de la musique congolaise. Dès son jeune âge, il fera des navettes entre Kinshasa et Brazzaville, afin d'apprécier et d'admirer les grands talents de la musique congolaise. Il apprend la guitare dans son fief à Barumbu, le quartier de Manoka Souleymane dit De Saio, Albert Kasongo, Georges Dula, Adou Elenga, etc. Il est influencé par Manuel D'Oliveira, Bowane, Léon Bukasa et Dewayon Ebengo à ses débuts, dans les années 1952-1953, avec ses amis Raymond Braink Kalonji et El Mededor.
La musique exerce une influence tenace sur lui. Il prend des contacts avec les vedettes locales de la chanson entre 1956 et 1957. C'est Jean de la lune Daniel Loubelo qui lui met le pied sur l'étrier. Il lui montre le Do majeur de la guitare. Après ses humanités, Antoine Nedule ne s'adonnait plus à ses études universitaires.
On le trouve dans Rock'A Mambo de José-Philippe Lando Rossignol en 1957, où ils jouent chez Rocky. En ce moment-là, Léon Bukasa dirige un groupe de jeunes guitaristes de Léopoldville, l'invite pour intégrer le groupe. Il propose au jeune Nedule un plan de travail et un contrat de collaboration. Il est engagé chez Bukasa, où il trouve les guitaristes Albino et Mwena. Il tente sa chance dans cet orchestre. C'est là qu'il apprend un peu plus sur la pratique de la guitare. Sa mère lui offre une guitare, le jour de son anniversaire. C'est grâce à cet instrument que le débutant Nedule passe de l'amateurisme au professionnalisme, en brûlant sans trop de peine les étapes. Lors des productions dans des bars de Léopoldville, Papa Noël accompagne le virtuose Bukasa, avec succès.
Il réalise son premier disque en 1958 dans le groupe Bukasa. Mais c'est la chanson « Clara Badimuene » de Bukasa, sortie dans les éditions Ngoma. 1958 s'annonce comme l'année prometteuse de la carrière musicale du jeune Nedule. Ce dernier joue un rôle important pour la première fois au studio. Sa collaboration avec Léon Bukasa lui vaut des éloges de tout genre. Cette école fait de lui un grand guitariste soliste.
Il abandonne Léon Bukasa pour rejoindre Rock'A Mambo de Lando Rossignol en 1958. Il est surnommé Johnny Noël par Rossignol. Pour lui, Rock'A Mambo, c'est l'orchestre le mieux organisé à cette époque-là. Il rentre au moment où Tino Baroza, le soliste de cet orchestre est absent du pays. il le remplace valablement. Au même moment, Guy-Léon Fylla, le patron de l'orchestre Makina Loca le sollicite. Il l'emmène, vers la fin de l'année 1959, à Libreville, où ils séjournent pendant une année. De 1959 en 1968, il évolue dans plusieurs orchestres. Arrivé à Pointe-Noire, l'artiste musicien, chansonnier et clarinettiste Essous Jean-Serge l'engage dans Bantous de la Capitale.
Ils enregistrent au studio Fonior de Brazzaville que dirige Roger Izeidi. La première chanson qu'il joue dans les Bantous de la Capitale est « Muana mama Adèle », œuvre de Essous. Il n'est pas le seul Congolais de Léopoldville dans cet orchestre. Il y a également le chanteur Jojo et l'accompagnateur Jacques Jackie.
African Jazz et Vox Africa
Le Grand Kallé Joseph Kabasele et sa femme, la belle Cédèlle convolent en justes noces en 1961. Le mariage est célébré au restaurant du Zoo à Léopoldville. Et les Bantous de la Capitale agrémentent la soirée. A leur retour à Brazzaville, les autres membres du groupe manifestent une méfiance à l'égard de Papa Noël, parce qu'il s'est beaucoup entretenu avec Grand Kallé le jour du mariage. Déçu, il rentre à Léopoldville pour un temps. Pendant que Nicolas Kasanda, Roger Izeidi et Rochereau Pascal Tabu montent l'African Jazz aile Nico. Quatre mois après sa divergence avec ses amis de Brazzaville, Papa Noël intègre l'African Jazz de Joseph Kabasele.
Lors d'une tournée à Bukavu en 1961, il rencontre la demoiselle Anasthasie Ngoy, une fille de Lubumbashi, qui travaille à la radio, et qui sera son épouse et la mère de ses enfants. Après plusieurs tournées et plusieurs enregistrements, il quitte Kabasele, il crée Super African Jazz. Il est à Bukavu.
A la suite de la dislocation de son groupe, il se rend à Kinshasa et à Brazzaville. Il frappe à la porte des Bantous, qui refusent de l'enrôler de nouveau. Il regagne Kinshasa et s'envole encore pour Bukavu. On lui colle le surnom de « pigeon voyageur » ou « oiseau volant », à cause de ses allés et venus d'un orchestre à un autre. Cela dénote l'instabilité qui le caractérise et qui lui a fait perdre certaines sympathies.
Il revient à nouveau sur Kinshasa. C'est Jean Bombenga dit Jeannot Lolango, lui aussi un ancien d'African Jazz, qui l'accueille à l'aéroport. C'est la naissance de Vox Africa. Il recrute Sam Mangwana, Dalienst Ntesa et Aladji Baba. Quelque temps plus tard en 1968, il quitte Vox Africa. Il est opportunément remplacé par Seyo Souza, l'actuel Souzy Kaseya, qui arrive de sa province natale, le Katanga. Il monte l'orchestre Bamboula, ce nom provient du rythme de chant des esclaves noirs au 15ème siècle.
Bamboula compte en son sein plusieurs jeunes de la nouvelle génération dont les chanteurs Blaise-Pascal Wuta Mayi, Pierre, Aimé Kiwakana, la chanteuse Antoinette Etisomba, le basiste Decca, le trompettiste Jean de la Croix, le saxophoniste Jeff Lunama, etc. C'est dans Bamboula que démarre un peu plus tard Bozi Boziana. Jeff Lunama
En 1969, suite à un concours organisé par le Ministère de la Culture, l'orchestre Bamboula est retenu pour représenter la République du Congo-Kinshasa, au Festival d'Alger. Composition du groupe : Blaise-Pascal Wuta Mayi, Pierre, Aimé Kiwakana, René Mosengo, Jojo, Mapolo, Flamy, Magot, Bosmen, Francis, Mavando, Papa Noel, Bopol Mansiamina, Nico, Silis, Mangenza, Jean de la Croix et Gustave. Au retour d'Alger, Nedule Papa Noël remit la guitare au placard. C'est la fin de l'orchestre Bamboula.
Anthologie de la Musique Zaïroise Moderne
En 1973, Nedule Papa Noël est désigné directeur Artistique de l'Anthologie de la Musique Zaïroise Moderne, éditée par le bureau du président de la République. Ce double album comprend une vingtaine chef-d'œuvres des pionniers de la musique congolaise moderne ; notamment, Manoka Souleymane De Saio, Albert Kasongo, Manuel D'Oliveira, Camille Feruzi, Léon Bukasa, Adou Elenga, Lucie Eyenga, Antoine Wendo Kalosoyi, etc.
En 1976, Franco Luambo Makiadi l'incorpore dans le Tout-Puissant O.K Jazz. Dans cet orchestre Papa Noël participe à la réalisation de plusieurs œuvres. Et, il s'exprime valablement en tant que chansonnier et auteur des œuvres discographiques. Des tubes à succès comme « Tangawisi », « Bon samaritain », « Bijou », « Sisika », etc., prouvent qu'il est l'un des plus grands auteurs et compositeurs de la chanson congolaise. Il quitte l'O.K Jazz en 1988. La même année, il lance l'album « Makolo tambola », qui est un hymne au travail ou le procès d'une société en déliquescence.
L'Europe et Cuba
Nedule Papa Noël
En 1989, il s'envole pour l'Europe. Il enregistre l'album « Haute Tension » en 1994, qui est suivi, en 2000, par « Bel ami », une rétrospective de ses 60 ans. De 1995 en 1998, il accompagne Sam Mangwana à travers des tournées en Amérique. En 1998, il arrange l'album « Galo Negro », le Coq Noir de Sam Mangwana, dans lequel il place la chanson « Balobi », dans une musique acoustique de qualité. Il travaille aussi avec Mose Fanfan, joue et réalise des arrangements musicaux du groupe « Kekele ». Aujourd'hui, c'est aux côtés de l'icône cubaine de la musique Papi Oviedo qu'il continue dans l'art d'Orphée.
Tabu Ley Rochereau : "Les jeunes musiciens doivent être humbles et abandonner la polémique stérile qui n’honore pas la musique congolaise."
Beaucoup de gens pensaient que nous étions Franco et moi des ennemis jurés. Je vais vous faire une révélation: les deux premiers voyages de l’Ok Jazz en Europe, c’est feu Izeidi et moi qui les avions organisés. Par ailleurs quand Vicky Longomba a quitté l’Ok Jazz, Franco a fait appel à moi pour interpréter quelques unes de ses chansons
Tabu Ley Rochereau : Depuis ma tendre enfance j’étais musicien. Les gens qui me connaissent peuvent d’ailleurs vous le confirmer. Dès l’age de 10 ans, je chantais déjà. A 14 ans, j’avais gagné un prix au concours qui avait été organisé au stade Papa Raphaël en présence du roi Baudouin de la Belgique. Autant dire que je pratiquais de la musique, avant même d’être connu du grand public; non pas la musique de scène, car j’étais mineur, mais je composais et cédais mes chansons à d’autres personnes.
A.E.M: Et votre intégration dans l’African jazz ?
T.L.R: j’ai intégré l’African jazz en juin 1959, mais avant cela j’étais déjà en contact avec Grand Kallé et fréquentais l’orchestre l’African jazz.
A.E.M: Quelle est la chanson qui vous a fait connaître au public ?
T.L.R: C’est la chanson "Kelia". Cette chanson m’avait propulsé au firmament et du coup, j’ étais devenu la coqueluche des mélomanes.
A.E.M: Que représente pour vous Grand Kallé ?
T.L.R: Joseph Kabasele, alias Kallé Jeef, est mon père spirituel et mon idole. Il m’a énormement inspiré et je lui dois beaucoup dans ma carrière. C’était un maestro, un monsieur très exigeant et rigoureux sur le plan professionnel ;c’ est quelqu’un qui avait la maturité professionnelle. Et je ne peux pas me comparer à lui du point de vue chant car il était un bon chanteur mais pas un grand compositeur .
A.E.M: Vos rapports avec les autres musiciens ?
T.L.R: Ca se passait très bien, nous étions des adversaires, des conccurents, et non des ennemis. Beaucoup de gens pensaient que nous étions, Franco et moi des ennemis jurés. Je vais vous faire une révélation :les deux premiers voyages de l’OK Jazz en Europe, c’est feu Roger Izeidi et moi qui les avions organisés. Par ailleurs, quand Vicky Longomba avait quitté l’ OK Jazz, Franco avait fait appel à moi pour interpréter quelques-unes de ses chansons. Cela dit si, des fois, nous avions eu des brouilles, c’est souvent nos entourages et mélomanes qui les entretenaient.
A.E.M: Dans l’une des vos chansons(Mokitani ya Wendo), vous vous êtes proclamé héritier de Wendo, ce que ce dernier a refusé d’admettre, qu’en dites-vous ?
T.L.R: Moi, je me reconnais en Wendo, qui m’a inspiré dès mon enfance ; comme moi aussi j’ai inspiré et continue à inspirer beaucoup de jeunes. Ils reconnaissent être mes héritiers. Cela me va droit au cœur et je sais que mes œuvres seront pérennisées. Mais quand le vieux Wendo me renie cet héritage, je trouve ça malheureux. En 1969, je l’avais intégré dans l’Afrisa international ; j’ai voyagé avec lui en Amérique, en Europe et en Afrique. Mais tout cela, il ne l’a jamais déclaré. C’est vraiment dommage.
A.E.M: Quel regard portez-voius sur l’actualité musicale du Congo ?
T.L.R: Franchement parlant, elle est en baisse. Nos jeunes ne font aucun effort pour apprendre, pour parfaire leurs talents. Ils se croient arrivés au sommet. Aujourd’hui les Gaou 1er et autres leur ont damé les pions. Les Gaou, c’est quoi ? C’est la musique du quartier et de retrait de deuil. Nos jeunes se battent pour des futilités, des choses qui n’ont rien à avoir avec la musique : les voitures, les villas, les habits, etc.
A notre époque, on commandait des voitures neuves aux Etats-Unis, qui venaient par centaines et on nous les livrait à domicile ; nous avions acheté des maisons à travers le monde, mais nous ne faisions pas étalage de tout cela.
A.E.M: Qu’est-ce que vous pouvez faire pour ces jeunes ?
T.L.R: Il faut les sanctionner ?
A.E.M: Comment ?
T.L.R : En produisant des œuvres de qualité qui s’inspirent de vraies valeurs de la rumba congolaise. Si vous écoutez mon nouvel album « Tempelo », vous découvrirez des richesses, tant sur le plan des textes qu’au niveau des arrangements.
A.E.M: Pourquoi ne faites-vous pas appel aux jeunes ?
T.L.R: Ce n’est pas à moi de les appeler. Quitte à eux de chercher à puiser à la source. Quand ils nous prennent pour des artistes finis, ils se privent des merveilleuses richesses qui peuvent les aider à progresser.
A.E.M: Quel conseil avez-vous à leur prodiguer ?
T.L.R: Ils doivent travailler, continuer à travailler. Qu’ils ne se considèrent pas être arrivés au top. Ils doivent être humbles et abandonner la polémique stérile qui n’honore pas notre musique.
A.E.M: On vous voit souvent chanter avec votre fille, Mélodie, vous l’utilisez à la place de sa mère, la chanteuse Mbilia Bel ?
T.L.R: C’est vrai que ma fille a chanté dans mon dernier album. Ce n’était pas une décision délibérée mais une situation fortuite. Ma fille qui vit aux Etats-Unis, était venue en vacances en France. Pendant l’enregistrement de mon album, elle m’accompagnait au studio. Il y a une chanson qui devait être interprétée par une chanteuse ouest-africaine. Celle-ci ne s’était pas présentée et ma fille Mélodie s’est proposée de la remplacer, alors que je ne l’ai jamais vue chanter. Après insistance, je l’ai auditionnée, elle s’est défendue à merveille. Et quand mon arrangeur Maïka Munan l’a écoutée, nous étions tous émerveillés de sa prestation et elle a chanté dans mon album, ce qui est sa première expérience musicale et elle a même composé une chanson.
A.E.M: Il y a quelques années, vous annonciez votre retrait de la scène musicale, qu’en est-il aujourd’hui ?
T.L.R: Je maintiens ma décision, mais cela ne m’empêche pas de sortir des chansons et de livrer une fois ou deux fois l’an des spectacles (ndlr. Tabu Ley s’est produit récemment en concert à Lausanne, avec sa fille Mélodie).
A.E.M: Votre mot de la fin ?
T.L.R: Je vous remercie pour cette interview . Si j’ai des choses à dire à nos jeunes musiciens, c’est de leur demander de prendre leur travail au sérieux, de suivre les bons exemples des aînés, de se respecter les uns les autres. Et je terminerai en disant que je resterai jusqu’à mon dernier souffle au service de notre musique pour qu’elle puisse aller de l’avant. A ceux qui estimeraient mon concours indispensable, je reste bien évidemment à leur disposition pour les aider à aller de l’avant.
Herman Bangi Bayo / MMCNews.com
Théo Blaise Kounkou : « Il faut choisir : soit on fait une musique pour son quartier soit pour une audience internationale »
THEO BLAISE KOUNKOU
C’est une voix cristalline, un des sens les plus élevés de la mélodie de la musique africaine et un des arrangeurs les plus sollicités. Comme une divinité qui laisse à l’humanité une légende éternelle, Théo Blaise Kounkou a écrit et chanté une chanson qui traversera sans doute toutes les époques :« Jardin d’Eden » dont aucune fête de mariage ne peut se passer. Si cette chanson est la plus connue du chanteur, ce dernier est assis sur une pile de dizaines de chansons aussi réussies les unes que les autres.
De passage à Brazzaville, Théo Blaise Kounkou du Congo Brazzaville, installé à Paris, s’est livré aux questions d’Afriqu’Echos Magazine(AEM) .
AFRIQU’ECHOS MAGAZINE(AEM) : Vous avez une carrière riche, est-ce la concrétisation d’un rêve de jeunesse ? Comment a démarré cette carrière ?
THEO BLAISE KOUNKOU : J’ai commencé comme tous les jeunes dans le quartier. À l’époque, je faisais de la musique et du sport. Le sport pour se défouler et entretenir ma forme, c’était naturel tandis que la musique, c’était une vocation. Avec des copains nous étions attirés par la musique et on s’essayait à la guitare. La rencontre ensuite avec les aînés m’avait permis de m’améliorer sans compter l’apport que les chorales religieuses. Je garde particulièrement des souvenirs de monsieur Emile Eboa, maître d’école à l’époque, qui dirigeait la chorale « Les piroguiers » à l’école Saint Vincent. J’y étais avec Seskain Molenga et Lekonga notamment. C’est lui qui nous a appris, dans un premier temps et indirectement à nous intéresser au chant et à essayer de chanter juste. Même quand il ne s’adressait pas directement à nous, nous captions et exploitions ce qu’il enseignait aux autres. C’est lui qui nous a également appris à faire les harmonies. Je lui rends un grand hommage parce qu’il avait le don de transmettre la musique et d’une manière naturelle car il était enseignant. Sa passion de la musique l’a amené à devenir musicologue.
Après, on a fait partie des groupes vocaux à Kinshasa avec les « Jecokat »’ et à Brazzaville. À l’époque, il y avait des grands chanteurs sur les deux rives et celui qui s’intéressait au chant imitait l’un de ces chanteurs. Plus tard, j’ai fait des passages éclairs dans plusieurs orchestres d’abord en amateur et ensuite en professionnel. Quand j’ai quitté le pays pour des raisons d’études, la musique m’a poursuivi. J’ai même fait partie de l’orchestre national du Bénin qui a participé en 1977 au FESTAC à Lagos où j’avais défendu les couleurs du Bénin. J’avais fait des chansons qui avaient cartonné et cela m’avait permis de décrocher des contrats en Côte d’Ivoire où j’avais collaboré avec Sam Mangwana avec qui nous avons créé l’orchestre « African all stars ». C’était le décollage de ma carrière internationale. Le groupe avait marché très fort. Après, chacun a pris son chemin et moi j’ai évolué en solo car les quelques fois que j’avais intégré des orchestres, ça n’a jamais marché car je suis très jaloux de ma liberté. Ce qui me permet de travailler ici ou ailleurs avec des professionnels selon mon mode de fonctionnement. On peut m’inviter au Gabon ou au Cameroun, je n’aurai pas besoin d’amener un orchestre. Je peux aller jusqu’à voyager avec seulement deux musiciens et de faire un spectacle comme si j’avais amené un orchestre.
AEM : Sur le plan discographique, combien d’albums avez-vous à votre actif ?
TBK : Une dizaine dont plusieurs plus connus en Afrique centrale et d’autres en Afrique de l’Ouest et ailleurs. Mes œuvres touchent des sensibilités diverses. Il arrive qu’un album très apprécié ici ne le soit ailleurs et vice versa. C’est cette diversité qui fait que je suis toujours présent et mes chansons intemporelles.
AEM : Vous êtes pourtant discret ces dernières années sur les plans discographique, scénique et médiatique…
TBK : Je fais ce métier d’une manière personnelle. C’est un peu égoïste pour moi. Je ne suis pas de ceux qui sortent des albums à tout vent. Je prends mon temps pour réaliser mes albums. C’est ce qui fait que tout ce que je réalise résiste au temps.
Le break que j’avais fait était un choix académique différent. Je travaille plus sur d’autres sensations et d’autres plaisirs notamment en tant que directeur artistique et réalisateur. Et cela m’a pris beaucoup de temps. Il est maintenant grand temps que je fasse un album. Je tais la date et promets qu’il fera grand écho. Je m’investirai pour qu’il soit diffusé partout pour le plaisir des mélomanes.
AEM : Pouvons-nous solliciter votre avis d’expert sur la qualité de la musique congolaise ?
TBK : Le niveau est bon. Pour moi, toute expression musicale est bonne. Il n’y a que des phénomènes de mode qui font que ça marche ou que ça ne marche pas. Je pense que beaucoup de choses avaient été délaissées, et aujourd’hui certaines expressions réelles de la musique congolaise commencent à revenir avec l’émergence d’une nouvelle génération qui rejoint la vision de leurs aînés. Ces jeunes s’expriment différemment et constituent une nouvelle mouvance. Ils font la rumba qui est la base de la musique congolaise ; qu’importe la manière de la jouer. C’est cette diversité qui a permis qu’elle se maintienne sur le marché international. Mais, pendant une période c’était devenu des copies sur copies et les gens étaient saturés. L’expression qui se met en place permet de porter haut le flambeau de notre musique. Hier, notre musique était très cotée en Côte d’Ivoire mais tour à tour les Camerounais, les Antillais et tout récemment les Ivoiriens nous ont damé les pions. Cela nous pousse à prendre les choses au sérieux pour la défense de notre culture.
AEM : Peut-on alors dire que notre musique s’est enfermée dans une sorte de ghetto ?
TBK : Effectivement, quand on fait la musique pour contenter les Congolais avec juste un rayonnement en Afrique centrale, c’est bien mais un rayonnement dans la world music, c’est mieux. Ce n’est pas péjoratif de parler de la world music, il suffit de prendre de la bonne musique des pygmées avec leur belle expression et la mettre dans le catalogue world music. Je veux qu’on fasse des choses qui touchent notre sensibilité et celle des autres pour que notre culture aille de l’avant. Si on fait des chansons avec une panoplie de noms qu’on cite, cela n’a rien à voir avec quelqu’un qui est à Bamako ou les Occidentaux parce qu’ils ne comprendront rien. C’est l’un des freins à la percée de notre musique au niveau international. L’expression de la musique est bonne et les musiciens sont bons mais nous avons des tares dont nous devons nous défaire. Soit on présente deux versions : l’une du quartier et l’autre à proposer au niveau international.
TBK : « Lorsque je suis en Afrique, je ne reste pas inactif » (Photo : AEM/Brazzaville)
AEM : On reproche également à notre musique la longueur des chansons qui ne cadrerait pas avec des normes internationales ?
TBK : Quand nos aînés faisaient des chansons, elles duraient 3 à 4 minutes. Et les gens doivent savoir qu’une radio, c’est la programmation par tranche. Le journaliste, qui a une tranche de 45 ou 60 minutes, doit faire la sélection des œuvres de courte durée pour lui permettre de faire des commentaires et de jouer un grand nombre de titres. Avec des chansons de plus de 10 minutes, il est impossible qu’il puisse le faire. Pour ma part, quand j’assure la direction artistique, j’essaie de donner la couleur au produit sans déteindre l’artiste ni l’album. Mais lorsque l’artiste et le producteur font leur choix, on ne peut pas le défaire. C’est pour cela que nos chansons ont du mal à passer sur les chaînes internationales. Soit comme je l’avais dit tantôt, instituer deux versions : l’une de 5 minutes pour la radio et l’autre commerciale qui peut durer même 50 minutes, il n’y a pas de problème. Autre chose, il faut savoir opérer des choix intelligents : si l’on confie à un copain l’édition et la production, rien ne marchera. Il faut se rabattre sur des professionnels.
AEM : Justement, est-ce que nos artistes peuvent compter sur un réseau pour promouvoir notre musique sur le plan international ?
TBK : Il existe un lobbying au niveau de tous les arrangeurs et directeurs artistiques qui essayent de donner de belles couleurs à nos albums. Commercialement, il n’y a que de l’informel. De grandes maisons de production et de distribution n’existent plus pour notre musique. Certaines ont fusionné et se contentent de faire des labels. Si vous avez un nom, on vous produit mais rarement les nouveaux talents. Les artistes sont abandonnés à eux-mêmes pour leur promotion. Même les artistes connus composent avec des gens avec qui ils ne pouvaient pas le faire hier.
AEM : Sur quoi reposait le rayonnement de la musique congolaise de Brazzaville dans les années 80 ?
Ce temps de gloire était dû à l’impulsion que j’avais donnée lorsque j’avais quitté la Côte d’Ivoire pour m’installer en France. J’étais allé pour négocier la distribution de « Mwana Djambala », « Belle Amicha » etc. avec une maison de la place. À la sortie de cette production, j’avais reçu beaucoup d’offres. C’est comme ça que j’avais conseillé à Pamelo Mounka de produire ses propres œuvres sans quitter les Bantous de la capitale. J’avais mis tout un système en place avec un groupe d’accompagnement. Au début, c’était difficile de le convaincre mais il avait ensuite compris ma démarche et son album, à la sortie, avait cartonné. Après, Pierre Moutouari nous a emboîté les pas et ça avait créé une synergie qui avait provoqué l’éclosion de beaucoup d’orchestres au Congo. Et sur place, il y avait une grande maison de distribution qui tournait à fond. À partir d’Abidjan, on écoulait facilement des milliers de disques. Toutes ces structures ont disparu et ont été remplacées par de petites maisons qui ont pris la paternité de la distribution. Et la distribution, ce n’est pas ce que l’on voit aujourd’hui ! C’est tout un réseau et toute une structure à ne pas confondre avec les maisons de vente des disques. Si aujourd’hui l’Etat peut subventionner ce secteur qui est en difficulté, ça sera bien.
AEM : La piraterie aussi vient en rajouter dans cette litanie de fléaux…
TBK : Si j’avais arrêté à un certain moment, c’était à cause de la piraterie. Mes œuvres sont piratées à travers le monde. Si vous allez aux États-Unis, vous demandez un titre, il y a une usine derrière où l’on vous le grave à l’instant même. C’est le prix à payer à cause de la notoriété. À une certaine époque ; on avait lutté contre ce phénomène à Abidjan. Les commerçants de la place nous pirataient. Nous avions vu le président Houphouët qui avait mis en place une structure pour lutter contre ce fléau mais cela n’a pas marché. Pour arrêter ce fléau, on doit suivre l’exemple du Cameroun, du Bénin et du Sénégal qui sanctionnent sévèrement les pirates. Sans volonté politique, on n’y arrivera pas. C’est pourquoi on dit que les musiciens dorment dans les caniveaux.
AEM : Justement, pouvez-nous parler des droits d’auteurs. Les artistes congolais jouissent-ils de leurs droits ?
TBK : En dehors de la piraterie effectivement, il y a le problème des droits d’auteurs. La nationalisation de la société des droits d’auteurs était une initiative louable mais c’est une grosse machine où il existe des compensations comme dans le secteur des télécommunications. Et ces compensations demandent beaucoup d’honnêteté sans cela tu ne sauras pas combien l’artiste a gagné. A l’arrivée, on peut remettre à l’artiste 200 francs CFA alors qu’il devait toucher 2 millions de F CFA. Prenez le cas de Brazzaville, chaque minibus et taxi paye des droits d’auteurs mais les artistes n’y voient que du feu.
AEM : Avez-vous des projets en chantier ?
TBK : Lorsque je suis en Afrique, je ne reste pas inactif. J’étais à Pointe-Noire pour une réalisation et j’y rentre pour une autre. À part ça, nous allons réaliser ensemble, Maïka Munan et moi, la deuxième édition de l’opus de l’association « Lumières d’Afrique ». La première avait réuni Papa Wemba, Madilu, Roga Roga, Férré, Doudou Copa etc.
AEM : En parlant de ces collaborations, que reste-t-il de l’African all stars ?
TBK : C’est une disparition malheureuse. On pensait que ça allait grandir mais le bébé n’a pu atteindre la maturité. Si l’occasion m’était offerte, je le referais même seul. Nous étions les deux créateurs avec Sam Mangwana qui vit actuellement en Angola. Je garde de bons souvenirs car on a fait rêver beaucoup de gens.
AEM : Un mot pour vos fans
TBK : Je suis touché par la marque de sympathie qu’ils m’accordent. Lorsque je passe dans une émission, les gens appellent de partout. Beaucoup expriment le regret de ne pas me voir sur scène et sur le marché. Pour ceux de Kinshasa qui m’appellent constamment, je les salue tous et dès que l’occasion se présentera, je ne manquerai pas de descendre là-bas. J’envoie les salutations à tous les artistes et à tous ceux qui aiment notre musique et qui la consomment.|Propos recueillis à Brazzaville par Herman Bangi Bayo(AEM©www.afriquechos.ch) .
Madilu s’est éteint mais sa voix demeure éternelle
Ne se doutant guère de son sort, Madilu aurait même instruit à son chef d’orchestre d’intensifier les répétitions en prévision d’une tournée au Bas-Congo et en Angola.
Comme une traînée de poudre, la douloureuse nouvelle annonçant le décès du chanteur auteur compositeur Jean de Dieu Bialu Madilu, s’est répandue sur la ville, au beau milieu de petites heures de samedi l’août. A la lumière des recoupements en notre possession, il ressort que le défunt était admis aux cliniques universitaires, un jour avant, des suites d’une crise de diabète. Il est également fait état de prostate, d’hypertension et de complication d’une plaie à la jambe. Cette plaie aurait provoqué une septicémie dont la triste conséquence serait celle que nous déplorons aujourd’hui. Célèbre, il l’a toujours été, mort, il l’est davantage. Mais comme le sont toutes les vedettes de son acabit, certes son étoile s’est physiquement éteinte, mais sa voix à travers ses œuvres demeure éternelle.
C’est à l’âge de 57 ans, nous apprend-on, qu’il quitte cette terre des hommes, après une riche et fructueuse carrière musicale faite de plusieurs chansons et albums, dont les thèmes s’articulaient plus autour de la vie sociale, mieux au vécu quotidien, à la manière de son maître Luambo Franco.
Madilu System autrement dit « Le Grand Ninja », fils de Bialu Kaba Antoine et de Mbongi Madeleine est passé par plusieurs étapes avant la création de son groupe le Tout Puissant System.
Nous pouvons citer, entre autres les ensembles suivants Simba, Bambula, Fiesta Populaire, Festival des Maquisards, Bakuba Mayopi, Afrisa International et le TP Ok Jazz.
Intervenant à chaud sur les antennes d’une chaîne de radio, Jossart Nyoka Longo, patron de l’orchestre Zaïko Langa-Langa en séjours en Europe, s’est dit choqué par cette douloureuse nouvelle.
« Nous avons grandi particulièrement ensemble dans le même quartier, lui à Kimbanseke et moi à N’djili, c’est pour moi un contemporain », a-t-il déclaré.
« Je suis très abattu par cette nouvelle, c’est un artiste qui me fréquentait, et qui m’était familier bien avant mes fonctions. Quelque chose sera fait au niveau du ministère. Nous sommes en contact avec la famille ». Ces déclarations sont de Marcel Malenso, ministre de la Culture et des Arts.
Ne se doutant guère de la suite de son sort, Madilu aurait même instruit à son chef d’orchestre d’intensifier les répétitions en prévision d’une tournée musicale qui devait s’effectuer au Bas-Congo et en Angola. Et, cela peu après son admission à l’hôpital, nous a-t-on appris.
DINASTAR SHANGO
Qui est DINASTARS SHANGO :
Pour les intimes DINA,chanteur/compositaire(d'origine Congolaise RDC) évoluant et résidant en France.
Deja très jeune,il chanta dans les églises du Congo avec son père qui est Pasteur.
Grâce à celui-ci,il fit l'apprentissage de la musique et travilla sa voix;d'où son talent d'aujourd'hui.
Dinastar,c'est le nom de scène,qui n'est d'autre que le diminutif de son prénom DINASHA.
Dinastar:c'est aussi le nom de présentatif du groupe.
Style de musique: Afro/Soul(tendance World Music)
mélange de Disco et de Funk,de Blues et d'un soupçon de Rumba Congolaise;le tout dans un cocktail très personnel et metissé chanté en lingala(une des langues de la RDC)et en français melangé.
Vocation:je suis resté très proche des cultures Congolaise et Africaines.
J'aime composé des chansons simples,avec de belles paroles,de belles mélodies et avec du rythme,véhiculant un véritable message de fond.
D'ailleurs,ma vocation est de devenir un chanteur
engagé afin de pouvoir dénoncé les injustices et les maux qui rongent nos sociètés.
Décédé le 22 septembre 1985, Docteur Nico est considéré, par beaucoup, comme le plus grand guitariste soliste de l’histoire de la musique congolaise moderne, après Emmanuel Tshilumba wa Baloji « Tino Baroza », son maître spirituel, qui avec Charles Mwamba « Dechaud » guitariste accompagnateur ont été formés par le guitariste « hawaïen » Zacharie Elenga « Jhimmy ». Apparu sur la scène musicale congolaise en 1953, à l’âge de 14 ans, Nicolas Kasanda a joui tôt de l’immense succès obtenu par l’avènement de l’African Jazz de Joseph Kabasele. Son art va connaître une large reconnaissance. Ce guitariste fut un prodige de la mise en place rythmique. Et la relative sagesse de ses improvisations n’exclut pas de belles fulgurances jouées avec une parfaite maîtrise instrumentale.
1953 nous rappelle certes, la création de l’African Jazz, mais également l’arrivée de la guitare électrique à Léopoldville (Kinshasa), introduite par le Belge Bill Alexandre, soliste de talent et éditeur de la Firme musicale CEFA. (Compagnie d’enregistrement du folklore africain). Mais, la guitare électrique s’imposera, et surtout, à travers les doigts des Kinois Emmanuel Tshilumba wa Baloji « Tino Baroza », Nicolas Kasanda, « Dr Nico » et François Luambo Makiadi « Franco », sous différents styles. Tshilumba wa Baloji « Tino Baroza », exploitait adroitement ses connaissances théoriques en créant un style pur et une construction ordonnée et classique. Il possédait une sûreté rythmique et harmonique exceptionnelle, une invention intarissable.
Luambo Makiadi Franco, lui, jouait en marquant le rythme, en soignant les courbes mélodiques avec beaucoup d’alerte. Il s’est imposé comme le meilleur spécialiste du jeu en sixte, technique qui consiste à jouer la guitare en pinçant plusieurs cordes à la fois. L’élégance mélodique, la frémissante beauté de ses improvisations font de chacun de ses témoignages enregistrés, un document attachant et précieux. « L’École OK Jazz » est née de son style qui a été le plus copié, le plus populaire et qui a donné naissance à ce que l’on appelle la « Rumba Odemba »
Pour sa part, Nico Kasanda recherchait des effets techniques en soignant également les courbes mélodiques et la vivacité rythmique. Il était également cithariste (à l’hawaïenne) d’une virtuosité époustouflante. Il fut la star de cette musique sensuelle et raffinée qui fonde depuis des années, « L’École African Jazz » dont le signe caractéristique est la « Rumba-Rock ». Son doigté guitaristique inimitable passionne les amateurs qui trouvent en lui un admirable technicien de la guitare, capable d’en exploiter en solo toutes les ressources, de s’intégrer à une formation de studio ou de se mettre au service d’un vocaliste.
MTI